François-Mathieu Poupeau a suivi le DEA de sociologie de l'IEP de Paris en 1994.
Il a soutenu en 1994 une thèse sur "EDF ou la permanence d'un 'compromis républicain'. Le système de distribution électrique français entre Etat et collectivités locales, de la nationalisation à la mondialisation".
Comment l'analyse stratégique y intervient-elle dans votre travail ?
Je monte, réalise, seul ou en équipe, des enquêtes sociologiques pour en diffuser les résultats auprès du monde de l’enseignement et de la recherche, des praticiens voire parfois du « grand public ».
Mes thèmes de recherche actuels portent sur les questions de recomposition des modes de gouvernance des réseaux de service public et d’action publique locale. Par ailleurs, j’exerce une activité d’enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris, à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées ainsi qu’en formation continue (pour de futurs cadres d’EDF et de Gaz de France).
Je n’utilise pas l’analyse stratégique de manière explicite dans mes recherches actuelles. Ceci étant, elle fait partie de ces approches qui imprègnent mon raisonnement et ma manière de construire certains de mes objets de recherche.
J’ai récemment achevé un travail de recherche sur la genèse de la péréquation des tarifs de l’électricité en France. L’analyse stratégique m’a été utile pour penser la dynamique du système d’acteurs et pour repérer plus finement les interactions entre les groupes sociaux engagés dans la « production » de cette mesure.
D'une manière générale, dans le cadre professionnel, quel est son intérêt principal ?
Son caractère inductif, qui oblige à ne partir d’aucun préconçu sur l’action collective. Son exigence d’empirisme, qui oblige à nourrir les analyses de l’observation fine du terrain. Sa capacité à faire appréhender rapidement et de façon pertinente les logiques et la dynamique d’un système d’action. Ces qualités me sont très souvent renvoyées lorsque j’enseigne les rudiments de l’analyse stratégique, notamment dans le cadre de la formation continue.
E. Friedberg explique « qu’une intervention sociologique, c'est avant tout produire une connaissance et la transférer vers le système d'acteurs concerné de telle sorte que les acteurs responsables de ce système puissent développer un diagnostic commun et engager l'action qui en découle. » Seriez-vous d’accord ?
Oui mais en prenant soin de bien « distribuer » la connaissance auprès de l’ensemble des acteurs afin d’éviter que la démarche ne soit préemptée par quelques personnes ou groupes de personnes qui pourraient être tentés d’en faire un usage pauvre et instrumental. Dans le cas d’une étude diligentée par un commanditaire, la question renvoie notamment à la capacité et à la volonté de ce dernier d’accepter et d’assumer l’ensemble des constats et des analyses qui sont faites, y compris celles qui peuvent remettre en cause ses propres croyances et pratiques.
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